Club Royal de Portsmouth
Un club très "british" et maritime.
Découvrez la passion pour l'aviron chez les "autres" et constatez qu'il
existe un mouvement pour la rame qui transcende les frontières et les différences.
par Christophe L. (CSNB - Brive)
Au bout de la grande esplanade de Portsmouth, en Angleterre, sur la promenade de bord de mer, vous trouverez un bâtiment de jeux et casino, puis un embarcadère pour l’île de Wight par overcraft, et un petit bâtiment vieillot d’un étage, les pieds dans l’eau.
Là se trouve le Club Royal d’Aviron de la ville fondé il y a bien longtemps, vraiment longtemps. Au rez-de-chaussée, les commodités, un escalier pour accéder au 1er étage où se trouve une grande salle de musculation (avec les traditionnels instruments utiles) avec baies vitrées sur l’horizon, un coin bar et un bureau, un balcon sur la mer. Un panneau d’affichage présente quelques informations sur les régates mais le regard est attiré par une coupure de presse saugrenue : les nudistes font de l’aviron avec une photo d’une jeune femme dans le plus simple appareil sur un skiff (vue de face avec les bras écartés, que les bras ! eh c’est une pro !)… On redescends bien vite en bas, au fond, une salle d’entrepôt des bateaux : des skiffs, des doubles, des quatre de couple, le tout en format maritime… Je tombe immédiatement sous le charme des petits tréteaux, années 30, minuscules, en bois, colorés de tissus sur lesquels sont censés reposer les coques. Les grandes portes en bois s’ouvrent… la mer est là , à 3m seulement… pas de ponton… Juste un pan de béton incliné s’enfonçant dans la mer, très très rapidement…C’est dimanche matin, Jeff, le responsable des loisirs et débutants m’accueille avec une grande gentillesse alors que je parle que très approximativement la langue de Shakespeare et que de son côté, le français n’a rien de familier. Il me propose de compléter un 4x de couple barré et me fait l’honneur de la nage. Chaque rameur se retrouve pieds nus, les premiers s’enfonçant très profondément dans l’eau pour mettre le bateau à l’eau. Un mouvement de rotation permet de le mettre le long du plan incliné. Un premier rameur grimpe pendant que les autres tiennes… et ainsi de suite jusqu’au barreur qui monte en dernier. C'est assez casse-cou mais original pour le novice que je suis. Et nous voilà parti. Le bateau embarque 2 débutants, un rameur plus expérimenté au 4 et moi-même, hors classement, dirigé par les instructions incompréhensibles (pour moi) de Jeff… J’apprends bien vite que l’expression « easier » (prononcez eazzzzzzzzziier) veut dire « équilibre maintenant » contrairement à « stop » qui veut dire « équilibre au prochain »… logique ?
Le bateau longe la côte vers l’embarcadère, le dépasse jusqu’à l’entrée du port de Portsmouth où ne trainent pas quelques voiliers (y'a du vent là bas). Demi-tour et on revient. Mais stop ! voilà l’overcraft et son bruit assourdissant qui arrive à fond. On le laisse passer, priorité aux touristes, c’est plutôt rigolo, et on repart, passage devant le club et on pousse quelques mètres plus loin. Les débutants ou loisirs non confirmés ne vont pas plus loin. De toute façon il y a de quoi s’amuser avec de belles vagues prises de bâbord ou tribord. J’essaye de calmer la coulisse au maximum, c’est apprécié par ma voisine qui apprend à coordonner les bras.
Après une heure de rame, nous rentrons en ayant la réelle impression que certains d’entre nous ont fait des progrès sur la mer. Les bateaux sont soigneusement rincés et rangés à leur place.
Je suis retourné par la suite à deux autres reprises dans ce club. La seconde fois, la pluie ne permit pas de sortir, j’eus donc le « bonheur » d’une séance de musculation plutôt… musclée avec, à l’issu, un tournoi de… je préfère oublier le nom de cet engin incontournable par temps d’orage qui ressemble vaguement à l’impression de ramer…
La dernière rencontre fût l’occasion de remonter sur un 4x de couple avec une rameuse de rivière complètement stressée par l’idée de faire de l’aviron de mer, les deux débutants toujours abonnés, et d’observer tous les petits détails de la vie d’un club très sympathique, ses coupes, ses gravures anciennes (je vous ai dit que c’était un très vieux club, à votre avis, de quel pays vient l’aviron ???), ses photos plus récentes, ses toilettes et douches encore moins hygiéniques que le minimum requis. Bon fallait bien que j'achève le recit par là où l'on termine immanquablement la séance...
En résumé, si vous allez du côté de Portsmouth, n’hésitez pas à vous rendre au club dans le quartier SouthSea (attention : le bâtiment n’est pas forcément reconnaissable) et demandez Jeff (annoncez-vous quand même par e-mail par exemple).
Et comme vous êtes français, il est indispensable de vous faire accompagner d’une bonne bouteille de vin ou d’un met bien de chez vous pour remercier comme il se doit l’hospitalité du pays de l’aviron. C’est bien le moins que l’on puisse faire pour honorer la chance que nous avons de poser nos augustes derrières sur une coulisse et tout du moins, pour entretenir le bien le plus précieux : l’amitié entre rameurs qui transcende les différences de langage.